25 ans de l'assassinat de Norbert Zongo et ses compagnons : Voici le message de l’Association des journalistes du Burkina (AJB) Spécial

mercredi, 13 décembre 2023 12:04 Écrit par  Infobf.net Publié dans Société

Commémoration du 25e anniversaire de l’assassinat du journaliste d'investigation Norbert Zongo, voici le message de l’Association des journalistes du Burkina (AJB) 

Hommage à Norbert Zongo et à ses compagnons d’infortune, Blaise Ilboudo, Ernest Zongo, Abdoulaye Nikiéma Militantes et militants du CODMPP et de la CCVC !

Confrères et consœurs,

Peuple du pays réel !

13 décembre 1998-13 décembre 2023 | 25 ans jour pour jour que Norbert Zongo a été assassiné et brûlé à Sapouy !

C’est 25 ans aussi d’impunité et surtout de tergiversations judiciaires et politiques. Mais 25 ans, que le peuple du pays réel, est débout avec la même détermination.

Militantes et militants du CODMPP et de la CCVC !

Confrères et consœurs, Peuple du pays réel !

En effet, le 13 décembre 1998, le lugubre slogan « si tu fais, on te fait et il n’y a rien », a atteint le sommet de l’effroi avec l’assassinat de Norbert Zongo. Ce jour-là un commando, de l’ex-RSP, la garde prétorienne de Blaise Compaoré a tendu une embuscade à Sapouy au fondateur et Directeur de publication de I’Indépendant, journaliste émérite, et ses trois compagnons où, ils ont été tués et brulés. Son crime est d’avoir demandé vérité et justice pour David Ouédraogo, chauffeur de François Compaoré, torturé à mort, au sein du Conseil de l’Entente. Depuis ce jour fatidique de 13 décembre 1998, le peuple conscient et patriote du Burkina est en lutte pour réclamer justice et vérité pour le journaliste émérite ainsi que pour tous les crimes de sang et économique.

Chers confrères et consœurs, Peuple du pays réel !

En 25 ans de lutte, il y a eu des victoires d’étapes comme l’insurrection populaire d’octobre 2014, la résistance victorieuse au coup d’Etat de septembre 2015, les procès historiques tels les dossiers Thomas Sankara, Dabo Boukary, l’inculpation de François Compaoré en tant que commanditaire de l’assassinat du journaliste, l’incarcération de présumés assassins du journaliste et ses compagnons. Et cela après bien de pirouettes et un non-lieu durant tout le règne des Compaoré. En 2015, avec la réouverture du dossier, l’espoir d’une justice rapide pour Norbert Zongo et ses compagnons d’infortune s’est installé. Huit ans après, force est de constater que le chemin de la justice est toujours semé d’embuches. En effet, le commanditaire présumé du crime, François Compaoré refuse de se soumettre à la justice, malgré le mandat d’arrêt délivré contre lui. Pour cause, le 7 septembre 2023, la Cour européenne des droits de l’homme s’opposait à l’extradition de François Compaoré. La raison invoquée, je cite : le « second gouvernement de transition », c’est-à-dire donc le régime du MPSR 2 du Capitaine Ibrahim Traoré « n’a pas réitéré les garanties d’une bonne justice au cas où François Compaoré serait extradé ». Combien de temps les Burkinabè devront-ils encore patienter pour que justice leur soit rendue ? Le peuple burkinabè, les ayant-droits de Norbert Zongo, Blaise Ilboudo, Ernest Zongo et Abdoulaye Nikiéma attendent la réponse. Nous espérons le bout du tunnel pour très bientôt. Ce ne serait que justice, non seulement pour Norbert Zongo et ses compagnons, mais aussi pour les nombreuses victimes des répressions barbares qui ont émaillées les années de plomb de la lutte pour la vérité et la justice.

Depuis 25 ans, le message est resté et reste le même: Vérité et justice pour Norbert Zongo et ses compagnons d’infortune ! Depuis 25 ans, les journalistes du Burkina, de l’Afrique et du monde, les avocats des familles, les défenseurs des droits de l’homme, les militants du Pays réel sont toujours debouts. Il y a une année jour pour jour, nous écrivions ceci : « Les longues années de lutte, la répression, les tergiversations ne sont pas venues et ne viendront pas à bout de notre détermination. Que les nouveaux princes et leurs partisans prompts à applaudir toutes les restrictions à la liberté d’expression et de la presse en prennent de la graine. Que tous ceux qui se reconnaissant dans le sacrifice de Norbert Zongo, digne fils du Burkina et d’Afrique cessent de hurler avec les loups. »

Camarades!

En cette année, 25e anniversaire de ton assassinat barbare, les journalistes, les défenseurs des droits humains, les démocrates et les patriotes sincères sont dans l’œil du cyclone du pouvoir du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration et ses soutiens. Des médias étrangers et nationaux ont été suspendus, pire fermés.

Des journalistes étrangers sont expulsés. Des journalistes, des défenseurs des droits humains, des activistes sont réquisitionnés pour le front. La volonté de traquer des journalistes et des défenseurs des droits humains est affichée depuis le sommet de l’Etat. Leurs relais, des activistes de la société civile et des réseaux sociaux, des analystes en tous genres, des experts et des intellectuels, se font les apôtres de la diabolisation des médias et des journalistes. La haine contre les médias et les journalistes est telle que certains vont jusqu’à appeler à les guillotiner sur la place publique. Dans le sillage du Mouvement du peuple pour le progrès, les pouvoirs successifs du MPSR taillent des lois pour régenter les libertés et les médias. La dernière loi en date, c’est la loi organique portant attributions, composition, organisation et fonctionnement du Conseil supérieur de la Communication. En vertu de cette loi, le Président du Faso nomme le Président du CSC, le Président du CSC dispose de pouvoirs exceptionnels. De même, les agents du CSC ont qualité d’Officiers de police judiciaire. Les temps sont pour ainsi dire, durs pour les patriotes sincères, ceux qui de tout temps ont toujours dénoncé la corruption, érigée en système de gouvernance, la gabegie et le clientélisme politiques et l’impunité des crimes économiques et de sang. Les temps sont réellement durs pour ceux qui depuis huit ans ne cessent de dénoncer les exécutions extra-judiciaires, les escadrons de la mort, les violations massives de droits humains. Les temps sont extrêmement durs pour ceux qui se mobilisent pour que plus jamais, ne prévale le triste et sordide slogan: si tu fais, on te fait et n’y aura rien ! »

Norbert Zongo!

Ton pays, ta patrie que tu as tant aimée, a ainsi sous les régimes du MPSR, marqué un recul d’un siècle. Le combat que tu as mené est donc toujours d’actualité. Ton passage sur terre ici-bas, reste et demeure une lumière, une boussole qui nous éclaire et trace le chemin à suivre. Les mots, les formules justes, tu les aurais trouvés pour défendre la liberté, la démocratie et les droits humains. En révolutionnaire et patriote sincère, tu aurais tourné en dérision, leur propension à s’arroger la palme du patriotisme. Tu leur rappellerais constamment leur engagement à mettre fin au terrorisme, qui continue d’endeuiller le peuple ! Tu leur aurais expliqué en des mots simples comme tu en avais le secret, qu’un impérialisme est égal à un autre.

Norbert Zongo !

Après 25 ans de mobilisation et de lutte, le peuple du Pays réel est encore débout et te renouvelle son engagement à poursuivre le combat afin que vérité et justice soient rendues : à toi et à tes compagnons d’infortune; à Flavien Nébié, ce jeune élève fauché à la fleur de l’âge dans cette lutte pour la vérité et la justice pour toi et tes compagnons; aux Martyrs de l’Insurrection populaire d’octobre 2014 et de la Résistance héroïque au putsch de septembre 2015, tombés pour la liberté et la démocratie. Norbert Zongo, tes confrères ici présents te réitèrent, leur détermination à se battre sans relâche jusqu’à ce que la lumière soit faite sur ton assassinat odieux le 13 décembre 1998.

Vérité et justice pour toi Norbert Zongo et pour tes compagnons !

Vérité et justice pour les victimes de l’Insurrection et du putsch !

Vérité et justice pour toutes les victimes de crimes de sang! Non aux menaces contre les journalistes !

Non à la caporalisation et au bâillonnement des médias publics par l’Exécutif !

Vive la liberté syndicale !

Vive la liberté d’expression et de la presse

N’an laara! An saara!

Ouagadougou, le 13 décembre 2023

Pour l’AJB,

Guezouma Sanogo,

Le président

 

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