Infobf.net: Comment se porte votre parti politique le RDEBF ? Depuis un bout de temps on ne vous entend pas beaucoup, que se passe-t-il ?
Adama Séré: Merci tout d’abord je voudrais vous remercier et remercier «Infobf.net» pour cette opportunité que vous nous donnez justement, de toujours parler de notre parti et de dire un peu nos points de vue sur l’actualité. Il faut dire que le parti se porte très bien. Comme vous le savez déjà, le parti a changé de main depuis déjà un petit moment et après cela il a fallu s’attaquer un peu à un diagnostic. C’est ce qui a fait que le parti était dans un certain état. Après ce diagnostic, il y a une commission ad’hoc qui a été mise en place et qui a fait des recommandations suite au diagnostic et nous sommes en train de mettre en œuvre ces recommandations. Elles consistent essentiellement à revoir la structuration du parti au niveau national, nous avons décidé de le faire progressivement et rassurez-vous, ce travail se passe très bien. Pareillement à cette restructuration du parti, nous existons dans un courant mondial qui est celui des écologistes, organisé sur tous les continents. A ce niveau, nous sommes membre de la Fédération des Verts d’Afrique de l’Ouest ensuite, membre de la Fédération des Verts d’Afriques qui, elle-même est membre du Global Green qui est la faitière de tous les écologistes du monde entier. A ce niveau nous menons des travaux de réflexion et nous avons des relations de par le monde, nous échangeons sur les grands enjeux du monde naturel et nous essayons d’apporter la contribution du Burkina Faso, par rapport à notre vécu quotidien.
Quel bilan faites-vous de votre participation aux législatives de 2015 et aux élections communales de 2016 ?
Il faut dire que, comme je le disais tantôt, le diagnostic que nous avons eu a l’issu du travail qui a été confié à la commission, s’est révélé plus au moins catastrophique pour nous. La recommandation qui a été faite était de sursoir justement le parti à participer aux élections municipales qui se sont déroulées tout récemment, pour revoir sa structuration sur l’ensemble du territoire national. C’est ce travail que nous avons voulu plutôt faire mais, il s’est trouvé que nous avons eu deux communes ou les militants avaient souhaité être candidats. Ils ont participé mais, malheureusement, avec les résultats qu’on connait, ils n’ont pas pu s’en sortir avec des sièges. Mais nous pensons que c’est une étape, nous allons maintenir le cap de la revue de la situation, pour mieux nous armer et pouvoir affronter les défis qui pourraient s’offrir a nous à partir des années 2020.
Finalement apportez nous la précision, le RDEBF est un parti de l’opposition ou de la majorité présidentielle ?
Le Rassemblement des écologistes du Burkina Faso est de l’opposition politique et s’est s’inscrit très logiquement au niveau du CFOP. Nous sommes au CFOP avec qui nous menons toutes les activités.
Et quelle lecture faites-vous de la loi portant allègement des conditions d’exécution des programmes de projet Partenariat Public Privé (PPP), votée récemment par l’Assemblée nationale ?
Nous au niveau des écologistes et qui faisons partie de l’opposition, ce qu’il faut affirmer avec force est que, je ne pense pas qu’un burkinabè peut être contre le développement du Burkina Faso. En plus, dans ce sens, toutes les initiatives qui peuvent être menées pour rassurer le développement économique et social pour les populations, nous sommes partants. Mais ce qui est mis en cause, ce qui pose problème au niveau de cette loi, c’est la méthode, c’est la procédure qui est utilisée pour mettre en œuvre les PPP et crois que c’est ce que l’opposition dit et pas autre chose. C’est vrai qu’il y a eu une certaine lecture qui tant à montrer aux populations comme quoi, l’opposition est contre pour le bien être des populations, que l’opposition ne veut pas que l’on fasse des projets pour leur bien -être. Mais je pense quand-même que le peuple burkinabè est assez mature pour comprendre qu’en, réalité c’est ce n’est qu’un jeu politique. Ce qui est en jeu ici, c’est un problème de rigueur de transparence dans le traitement des affaires publiques c’est tout.
Finalement pour ces PPP, les populations semblent confuses entre l’opposition qui crie au «pillage programmé des ressources du pays», et la majorité présidentielle qui parle plutôt de «nécessité pour amorcer le développement du pays». Que doivent comprendre les populations ?
Comme je le disais, il y a des priorités au niveau du Burkina Faso. Il y a des besoins énormes que les populations expriment effectivement, et il faut répondre à ces besoins qui sont exprimés, mais comment répondre à cela ? C’est en fait toute la question. Est-ce qu’en même temps que nous voulons satisfaire les populations, nous allons ouvrir des vannes pour permettre que nous ne maitrisions pas certaines situations ? D’autant plus que tous le monde est d’accord que nous disposons de ressource assez rare. En fait, ce que l’on croit être très bien aujourd’hui pour les populations, la réalité est qu’on les enchaine pour des générations et des générations à venir, c’est ce que nous, nous voulons éviter, c’est ce que l’opposition veut éviter. Nous ne sommes pas contre les PPP mais, c’est la façon de faire que nous pensons qui peut être des portes ouvertes justement à des pillages, en tout cas à des élans de corruption, l’opposition aurait souhaitée qu’ils soient menés d’une autre façon. Mais c’est aussi l’occasion pour moi de revenir sur des propos tenus par des autorités lors du vote de cette loi. Des propos que nous jugeons assez malheureux et je profite de votre micro pout tirer l’attention de ces autorités là. Une bonne fois pour toute, elles devraient comprendre que la politique a changée dans ce sens que nous pensons que ces veilles méthodes, basées sur les exclusions, les injures, le mépris et surtout la volonté d’humilier, tout ça enrobé dans une certaine arrogance là est dépassée. Nous pensons que ces méthodes ont déjà fait leur chemin et nous ne pensons pas que le peuple burkinabè qui est sorti massivement les 30 et 31 octobre 2014, comprennent encore que ces genres de langage puisse exister encore en politique. Autrement, c’est trahir ceux-là qui se sont sacrifiés pour que la politique au Burkina Faso change et que les hommes politiques changent aussi. Nous pensons qu’une bonne fois pour toute, les hommes politiques devraient intégrer dans leur comportement et discours, des propos qui réconcilient, qui ressemblent et non des propos qui divisent.
Quel commentaire faites-vous du procès de l’ancien Président du Faso Blaise Compaoré et des membres de son dernier gouvernement, par la Haute cour de justice ?
Non à priori, nous n’avons aucun apriori par rapport ça. Tous les citoyens, tous les burkinabè sont des justiciable par rapport à des fautes qu’ils auraient commises, donc tout le monde se soumet à la justice. Si les gens ont péchés à un moment donné ou ont posé des actes qui sont répréhensibles par rapport à la loi, naturellement ils doivent répondre, donc, nous n’avons aucun état d’âme par rapport à ça. Mais maintenant, nous disons que cela doit se faire comme on l’a dit dans les règles de l’art. Je crois qu’en réalité comme vous l’aviez suivi, le procès qui a commencé au niveau de la Haute cour de justice, ça il faut féliciter le processus qui est en cour parce qu’on s’est rendu compte qu’il y avait des problèmes et qu’on tente de les résoudre. Nous pensons que si ces problèmes ont été résolus par la relecture de la loi, il est tout à fait normal que les uns et les autres répondre de leurs actes.
Au dernier Traité d’amitié et de coopération (TAC) entre le Burkina Faso et la Côte d'Ivoire, 11 projets ont retenus l’attention des 2 chefs d’Etats et leurs gouvernements. Votre appréciation par rapport à ce traité ?
D’abord il faut déjà féliciter nos autorités burkinabè et ivoiriennes pour avoir institué ce cadre de rencontres périodiques entre les deux Etats. Comme vous le saviez le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, les gens aiment le dire, en fait nous sommes des frères et c’est pratiquement le même peuple. Donc toute initiative qui tend à permettre que de part et d’autre les populations puissent bénéficier de ces genres d’activités, nous pensons qu’elle est la bienvenue. Le commentaire qu’on peut faire cependant, c’est de souhaiter qu’on ailles à des actes concrets par rapport à tout ce qui a été prévu par le TAC. Il y a quand même de bons points et maintenant il faut arriver à les matérialiser sur le terrain, parce que ça fait un bon moment qu’on parler de certains projets mais qui ne voient pas le jour. C’est vrai qu’il faut du temps pour mobiliser les ressources mais, nous pensons que si on regarde un peu plus près des vécus des populations, il y a certaines choses qui peuvent être facilement résolues. Par exemple la libre circulation des personnes et des biens, simplement ça. Si effectivement la volonté est qu’il y ait l’amitié et la coopération entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, on ne peut pas comprendre qu’il existe encore des tracasseries douanières et policières pour les populations qui traversent des deux cotés. C’est de souhaiter donc qu’il y ait des actes assez concrets et forts qui ne nécessite pas forcement des moyens colossaux, mais juste une question de volonté politique.
Certains estiment que ce TAC reste toujours une affaire entre les politiques. Comment faire pour que ça redescende au niveau des populations ?
Oui, c’est ce que je venais de dire tantôt, c’est vrai qu’il y a des projets mais, des actes très concrètes doivent être posés, des actions qui peuvent mettre les populations en confiance. C’est le cas de ce je viens de citer à savoir, la libre circulation des personnes et des biens, c’est ce que les populations veulent vivent au quotidien. Je pense que si réellement la volonté y est de part et d’autre, ça c’est la chose vraiment la plus facile à résoudre. On n’a pas besoin de mobiliser des moyens pour ça. Il faut tout simplement prendre des décisions et les faire appliquer.
En novembre prochain le MPP et Roch Marc Christian Kaboré auront passé deux années au pouvoir. Comment appréciez-vous de façon générale cette gouvernance du MPP depuis son accession au pouvoir en novembre 2015 ?
Bon, déjà ce que je veux faire relever, c’est que l’avènement du MPP au Burkina Faso même a soulevé beaucoup d’enthousiasme. Et l’arrivée de ce parti au pouvoir s’est faite après une situation assez délicate de notre pays du coup, il y a eu beaucoup d’attentes aussi. Dans la mise en œuvre du programme présidentiel, du projet de société du président qui a été élu, il faut dire que jusqu’à présent, ça laisse à désirer. C’est notamment sur le volet de la réconciliation nationale, de l’économie et du fond social, vous voyez qu’il y a beaucoup de mouvements et je pense qu’on s’attendait à mieux que ça. Je pense que le pouvoir MPP doit se ressaisir pour justement permettre aux populations de bénéficier d’avantage du fruit de leur programme.
Et qu’auriez-vous fait de diffèrent si le RDEBF était au pouvoir ?
Ah oui, si nous étions au pourvoir comme par enchantement effectivement, si nous étions au pouvoir, je pense que la première chose après la situation que nous avons vécue, après l’insurrection populaire qui a suscitée beaucoup d’espoir au niveau des populations, nous pensons qu’il faillait tout d’abord refonder la nation et remettre le pays sur des bases nouvelles. Ceci parceque, ce qu’il ne faut pas oublier c’est que la configuration même de la population à beaucoup changée. La population du Burkina Faso compte de plus en plus de jeunes qui sont assez bien formés, bien éduqués sur le plan scolaire et universitaire et nous avons une population qui comprend de plus en plus les enjeux. Donc à notre sens, il aurait fallu assoir une nouvelle gouvernance. C’est vrai que les populations sont sorties par rapport à un cas manifeste de violation de notre constitution mais, au-delà de tout ça, il y avait des espoirs et ces espoirs là, jusqu’ à présent on ne sent pas que le pouvoir MPP va dans le sens de répondre positivement à ces espoirs qui ont suscités leur avènement. Si c’était donc nous qui étions au pouvoir, nous aurions véritablement refondé la nation burkinabè en revoyant les fondamentaux, la constitution comme ça se fait mais, pareillement aller à une réconciliation nationale. Le peuple burkinabè quoi qu’on dise, est divisé à l’étape actuel et on ne peut pas véritablement amorcer un programme politique et de développement, tant que ce problème ne sera pas résolu.
Et quel sont aujourd’hui les plus grands combats des écologistes que vous êtes ? Le combat des Verts du Burkina ?
Avant de répondre à cette question, il faut dire que nous venons de rentrer de l’Angleterre où nous avons participé au congrès des verts mondiaux qui s’est tenu en mars-avril passé. Là-bas, nous sommes revenus sur les grandes questions qui préoccupent les écologistes dans le monde entier. Notre véritablement combat aujourd’hui c’est d’arriver à faire comprendre à nos populations, le projet de société des écologistes qui n’est pas exclusivement basé sur la préservation de l’environnement et la protection de la nature, mais aussi sur plusieurs autres éléments. Le projet de société des écologistes est basé sur des notions de paix, de non-violence et le développement participatif, lui-même basé sur nos propres ressources, avec une vision axée sur un développement durable. Et quand je le dis, c’est une politique qui devrait permettre l’émergence d’une nouvelle vision qui fasse que notre rapport de la politique devrait changer. Nous pensons en tant qu’écologistes que les dirigeants d’une nation sont en fait des représentants et que le véritable pouvoir appartient au peuple et il faut mettre des mécanismes en place pour que ce peuple souverain puisse pouvoir agir, et donner à chaque fois son appréciation sur les actions des gouvernants et qu’en même temps, que les gouvernants puissent aussi se sentir redevables. Il n’est pas question, parce qu’un parti est au pouvoir, que ce parti-là pense qu’il est l’alpha et oméga de toutes choses. Le combat pour nous écologistes c’est véritablement de refonder la politique tel qu’elle est aujourd’hui pratiquée dans le monde entier. Ce combat là c’est pour justement promouvoir la démocratie et une démocratie vraiment partagée et non une démocratie politisée. En outre, nous menons toujours le combat de la préservation de notre environnement parce que c’est le fondement de toute chose et l’un des éléments essentiels de notre existence. Parce que si nous n’avons pas la capacité d’exister, rien ne peut se faire. Voilà pourquoi les écologistes mettent l’accent sur les effets néfastes du changement climatique aujourd’hui sur la vie nationale. Voilà le combat des écologistes c’est tout un projet et un programme. Nous avons confiance en nous et nous sommes même plus que convaincu que tôt ou tard, il va valoir emprunter ce chemin-là parce que comme vous le voyez, dans le monde entier, les veilles pratiques politiciennes ont déjà fait leur preuves. De plus en plus comme je le disais plus haut, il y a une maturité d’une jeunesse nouvelle qui, s’empare de tous les canaux pour s’exprimer. Le monde est ouvert, tout va vite et rien ne peut se faire encore en catimini. Nous sommes convaincus que dans ce contexte là, vaille que vaille, nôtre projet de société basé sur la transparence et l’équité, ne peut que s’imposer. De plus en plus nous avons des exemples dans le monde et nous venons d’avoir un président écologiste en Autriche, et le rwandais Frank Habineza par ailleurs président des Verts d’Afrique est l’un des trois candidats à la présidentielle de son pays, nous lui souhaitons d’ailleurs bonne chance. C’est pour vous dire que de plus en plus, les gens commencent à comprendre, les manouvres politiciennes tôt ou tard en tout cas, vont disparaitre.
Interview réalisée par Modeste KONOMBO
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